Le secteur de la pêche et de l'aquaculture contribue de manière essentielle au développement économique de Madagascar, générant environ 750 millions de dollars américains par an, soit 71 TP3 000 milliards de dollars du PIB national et 6,61 TP3 000 milliards de dollars des exportations du pays.
Au-delà de l'exploitation elle-même, la dimension environnementale prend une importance croissante lors de la création d'une entreprise dans ce secteur. Alors que les activités de pêche ne nécessitent généralement qu'une autorisation d'exploitation, comme indiqué dans notre précédent article «Industries commerciales nécessitant une licence ou un permis à Madagascar« Les opérations aquacoles sont soumises à des contrôles environnementaux plus stricts. »
Cet article propose un guide pratique pour obtenir les permis et autorisations environnementales nécessaires aux projets d'aquaculture à Madagascar.
tl;dr: Créer une entreprise aquacole à Madagascar exige bien plus qu'une simple licence d'exploitation. Selon l'envergure et l'intensité du projet, les investisseurs doivent également obtenir une autorisation ou un permis environnemental.
Définition et étendue de l'activité aquacole à Madagascar
Le principal texte de référence juridique pour les activités de pêche et d'aquaculture à Madagascar est la loi n° 2015-053, connue sous le nom de Code de la pêche et de l'aquacultureCertains articles de ce Code ont été mis à jour par Loi n°2018-026.
Définition de l'aquaculture et des systèmes de production
L'aquaculture englobe toute activité visant à produire des organismes aquatiques par des méthodes qui contrôlent une ou plusieurs phases du cycle biologique de ces organismes et l'environnement dans lequel ils se développent.
Les systèmes de production sont généralement classés en trois types.
- Aquaculture extensive : caractérisée par une faible densité d’élevage, un contrôle minimal, un faible investissement, une technologie simple et l’absence d’alimentation complémentaire.
- Aquaculture semi-intensive : Elle implique une densité d’élevage moyenne, un contrôle modéré, l’utilisation de semences produites en écloserie, une alimentation complémentaire et un renouvellement ou une aération de l’eau limités.
- Aquaculture intensive : caractérisée par une forte densité d’élevage, un degré élevé de contrôle, des investissements importants, une technologie de pointe, une alimentation régulière et un renouvellement ou une aération continue de l’eau.
Étendue des activités aquacoles
Les activités aquacoles sont également classées en fonction de leur finalité :
- Aquaculture de subsistance : Désigne la production d'organismes aquatiques destinés à la consommation personnelle des producteurs.
- Aquaculture commerciale : Consiste à produire des organismes aquatiques destinés à la vente ou à d'autres fins commerciales.
- Aquaculture scientifique : englobe les activités de recherche ou d'expérimentation visant à tester de nouveaux systèmes de production, techniques ou espèces pour le développement et l'amélioration des pratiques aquacoles.
Système d'évaluation environnementale de l'aquaculture à Madagascar
Ce code de la pêche et de l'aquaculture fonctionne en tandem avec le Décret n°2025-080 établissant les règles et procédures de l'évaluation environnementale et sociale.
Ce décret, également connu sous le nom de « Mise en Compatibilité des Investissements avec l'Environnement » (MECI), définit le système d'évaluation environnementale qui établit les procédures d'évaluation environnementale et sociale des projets d'aquaculture.
Dans le cadre de ce système, les projets d'aquaculture sont classés en trois grandes catégories en fonction de leurs impacts environnementaux et sociaux potentiels :
- Les projets de catégorie A nécessitent une étude complète d'impact environnemental et social (EIES) en raison de leurs impacts significatifs.
- Les projets de catégorie B sont soumis à un Programme d’engagement environnemental et social (PREES) car ils ont des impacts modérés.
- Les projets de catégorie C sont considérés comme ayant des impacts environnementaux et sociaux négligeables, voire nuls.
Dans le cadre de cet article, nous nous concentrerons principalement sur les projets de catégorie A et B.
Catégorie A : Projets nécessitant une évaluation des impacts environnementaux et sociaux (EIES)
Les projets classés dans cette catégorie doivent obtenir un permis environnemental, délivré par l'Office national de l'environnement (ONE) après approbation de l'EIE.
Les projets de ce groupe comprennent :
- Exportation ou importation d'espèces aquatiques vivantes ou de matériel de reproduction.
- L'élevage de poissons à une densité supérieure à 25 kg/m³.
- Utilisation d'eau de surface ou souterraine supérieure à 30 m³/heure.
- Unités de traitement ou de transformation produisant plus de 150 tonnes/an.
De plus, conformément à l'article 111 du Code de la pêche et de l'aquaculture, les exploitations aquacoles semi-intensives et intensives doivent obtenir une autorisation environnementale. Le non-respect de cette obligation est passible d'amendes allant de 6 à 15 millions d'ariary par hectare de bassin aquacole.
Dossier de candidature EIES
Pour obtenir un permis environnemental, les investisseurs en aquaculture doivent préparer un dossier complet d'évaluation des impacts environnementaux et sociaux (EIES). Ce dossier doit comprendre les éléments suivants :
- Documentation juridique: Preuve de propriété du terrain ou un contrat de location de moins de trois (03) mois pour le site du projet.
- Autorisation sectorielle: L’autorisation d’exploitation délivrée par le ministère de la Pêche et de l’Économie bleue.
- Description détaillée du projetCela devrait inclure une description des infrastructures, des procédés, des technologies et des matériaux à utiliser, ainsi qu'un plan d'aménagement du site, une carte et un calendrier couvrant les phases de construction, d'exploitation et de mise hors service.
- Cadre juridique et institutionnelExamen de l’ensemble des lois, réglementations et normes environnementales et sociales nationales et internationales applicables au projet, ainsi que des institutions chargées de leur mise en œuvre et de leur suivi. Ce cadre doit également intégrer la protection des droits humains, la prise en compte du genre, les normes sociales et la résilience climatique, en s’appuyant sur les conventions nationales et internationales pertinentes.
- Définition de la zone d'étudeUne délimitation claire du périmètre d'étude, qui peut s'étendre au-delà des limites strictes du projet, assurant ainsi la cohérence du processus d'évaluation d'impact.
- conditions environnementales et sociales de baseAnalyse de l’état actuel de l’environnement dans la zone du projet. Cette section doit inclure un schéma des principaux systèmes environnementaux et sociaux ainsi qu’une hiérarchie des problèmes et contraintes identifiés.
- Identification des enjeux et des risques clésÉvaluation des principaux risques sociaux, environnementaux et politiques associés au projet.
- Évaluation et projections d'impactÉvaluation qualitative et quantitative des effets potentiels, positifs et négatifs, directs, indirects, cumulatifs et à long terme du projet. Cette évaluation doit également inclure une modélisation prospective des impacts potentiels.
Soumission de l'EIES à l'Office national de l'environnement (ONE)
Une fois le dossier EIES complet, l’investisseur doit soumettre une demande formelle d’évaluation EIES au directeur général de l’Office national de l’environnement (ONE).
Ce dossier de soumission doit comprendre, en plus du rapport EIES, les documents justificatifs suivants :
- Une demande écrite du promoteur du projet adressée au directeur général de l'ONE.
- Le registre du commerce de la société, ses statuts et le procès-verbal de nomination du directeur de la société.
- Une carte fiscale et une carte statistique valides, ainsi que tous les documents prouvant l'existence légale de l'entreprise.
- Un document d'étude de faisabilité technique, validé par le ministère de tutelle, qui sert également de base à la liste des investissements matériels.
- Documents justificatifs relatifs au montant de l'investissement prévu.
- Résumés non techniques du rapport EIES en malgache et en français.
- Un reçu de paiement de la contribution de l’investisseur aux frais d’évaluation environnementale et au suivi du Plan d’engagement environnemental et social (Cahier des charges environnementales et sociales ou CCES).
Processus de validation EIES
Le délai d'évaluation commence à courir dès que l'ONE déclare le dossier recevable. L'ONE évalue la demande dans un délai de six mois (pouvant être plus long) à compter de la date de recevabilité du dossier.
Si la demande est approuvée, l'investisseur reçoit un permis environnemental signé au nom du ministre de l'Environnement.
Ce permis est valable cinq ans, après quoi le Plan de gestion environnementale et sociale (PGES) doit être mis à jour et revalidé.
Catégorie B : Projets nécessitant un programme d’engagement environnemental et social (PREES)
Les projets d'aquaculture à petite échelle relèvent de la catégorie B, qui exige l'approbation d'un Programme d'engagement environnemental et social (PREES). Ce processus aboutit à la délivrance d'une autorisation environnementale par l'Unité environnementale du ministère responsable des pêches et de l'aquaculture.
Les projets soumis à cette procédure comprennent :
- Unités de transformation ou de traitement du poisson produisant de 50 à 150 tonnes par an.
- Exploitations piscicoles avec une densité de 10 à 25 kg/m³.
- Écloseries ou fermes de spiruline.
Dossier de candidature PREES
Étant donné que cette demande est faite au sein du ministère chargé de la pêche et de l'aquaculture, qui détient déjà certaines informations sur l'entreprise provenant du processus d'octroi de la licence d'exploitation, la procédure du Programme d'engagement environnemental et social (PREES) est moins lourde que celle de l'EIES.
Un dossier PREES doit comprendre au moins les documents suivants :
- Documentation juridique: Preuve de propriété du terrain ou un contrat de location de moins de trois (03) mois pour le site du projet.
- Autorisation sectorielleAutorisation du service compétent en fonction du type de projet.
- Présentation du projetDescription du projet : nature, localisation, objectifs, calendrier de mise en œuvre et principales activités, avec justification de ses objectifs économiques, sociaux et environnementaux. Indique également les lois, règlements et conventions applicables, ainsi que les autorités compétentes en matière d’approbation et de réglementation.
- Description de l'environnement existantAperçu des conditions physiques (climat, géologie, hydrologie, qualité de l'air et du sol), biologiques (faune, flore, biodiversité) et socio-économiques (communautés locales, activités économiques, utilisation des terres, infrastructures) de la zone du projet.
- Identification des risques et des impactsÉvaluation des impacts environnementaux et sociaux potentiels, directs et indirects, y compris les effets sur la biodiversité, les écosystèmes, la santé publique et les communautés locales.
- Plan de gestion environnementale et sociale (PGES) : Mesures visant à atténuer ou à compenser les impacts négatifs, gestion des déchets, gestion de la biodiversité (le cas échéant) et gestion des risques/incidents, y compris les plans d'urgence.
- Plan de suivi et d'évaluationIndicateurs environnementaux et sociaux, fréquence et méthodes de suivi, responsabilités et budget attribués.
- plan de consultation publiqueRésumé des consultations menées auprès des parties prenantes, notamment les communautés locales, les organisations de la société civile et les autorités, et réponses aux commentaires reçus.
- Engagement du promoteurDéclaration formelle d’engagement à respecter les mesures d’atténuation, à se conformer aux normes environnementales et à tenir les autorités informées.
- Résumé non techniqueVersion simplifiée du rapport en malgache et en français.
- Version simplifiée à l'intention des parties prenantesUne version conçue pour un public non spécialisé.
- AnnexesCartes, plans, rapports techniques, autorisations légales et procès-verbaux des consultations publiques.
Soumission et validation PREES
La demande PREES est soumise à l'Unité environnementale du ministère de la Pêche et de l'Économie bleue. Celle-ci examine le dossier et, si celui-ci est favorable, délivre l'autorisation environnementale dans un délai de 45 jours.
Résumé : Autorisation environnementale vs. permis environnemental pour les activités aquacoles à Madagascar

Notez que dans les deux cas, l'autorisation environnementale doit être obtenue après avoir déposé la demande de permis d'exploitation aquacole.
Conclusion
Le cadre environnemental malgache applicable à l'aquaculture est détaillé et rigoureux. Les investisseurs doivent anticiper les délais et la documentation nécessaires au respect des normes environnementales, qu'il s'agisse d'une autorisation environnementale ou d'un permis de lancement d'activité.
Le respect des procédures du MECIE garantit non seulement l'approbation réglementaire, mais démontre également un véritable engagement en faveur d'une aquaculture durable et responsable à Madagascar.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la création d'une entreprise dans ce secteur, n'hésitez pas à contactez l'équipe Madagascar InvestNous serons heureux de vous accompagner tout au long du processus et de répondre à toutes vos questions.
